A la séance de 11h15, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, j'ai trouvé bon d'aller (enfin) voir Jeune et Jolie.
1 fille, 4 saisons, 4 chansons. Jeune et Jolie, c'est ce curieux drame de François Ozon, sorti en salles fin Août.
Ozon, je l'aime pour 8 femmes et Swimming Pool.
Je l'aime pour sa façon de choisir des actrices d'exception, qui incarnent des personnages aussi mystérieux qu'irréels. Ludivine Sagnier et Charlotte Rampling sont mes préférées.
Je l'aime aussi pour ses histoires, ses scénarios riches et profonds.
Et pourtant... Jeune et Jolie ne m'a pas comblée.
Après tant de polémique sur le traitement de la prostitution, je m'attendais à des scènes crues, violentes. Rien de tout cela n'est apparu à l'écran. Jeune et Jolie est bel et bien un film portant sur la découverte de la sexualité à l'adolescence.
En sortant de la séance, je me suis simplement demandée "Pourquoi?"
Par quoi commencer ?
L'actrice.
Elle est jeune et jolie. Aucune remise en cause est possible à ce sujet. Ses yeux, sa bouche, ses jambes, la moindre partie de son corps est valorisée. Marine Vacth, jeune actrice découverte dans Ma Part du Gâteau de Klapisch, semble jouer son rôle à la perfection. Distance, silence, absence d'émotion...
Quel est l'intérêt de présenter un personnage aussi complexe pour témoigner d'un tel sujet ?
L'histoire.
L'histoire d'une adolescente ou d'une prostituée, là était la question. A première vue, Ozon semble avoir essayé de traiter différents sujets. Peut-être trop de sujets.
Une famille recomposée qui fonctionne à merveille, des parents aimants, un bel appartement, une fratrie très proche... La fille découvre le sexe lors de vacances, et tout s'enchaine. On apprend que la relation avec le père n'est que formelle, la mère trompe le beau-père et s'écrase devant sa fille, la fille est distante avec son entourage... Le tout, autour de la prostitution. Puis, la fille se confie, découvre un semblant d'amour, se cherche. Aucun thème n'est traité en profondeur, et tout semble s'enchainer avec peu de cohérence. Certaines scènes sont mêmes inutiles.
"Un film mondain pour bobo parisien en mal de frisson dans leur prison dorée."
Cette critique résume plutôt bien mon impression. Quitte à choisir de traiter la prostitution, autant ne pas se mentir : les adolescentes qui se prostituent après les cours, qui ne rencontrent que des hommes prévenants et qui n'ont aucun problème, ça n'existe pas. Personne ignore que la prostitution ce n'est pas si doux.
Un peu de trop questions sans réponses.
Est-ce que la prostitution est une voie de secours pour une adolescente issue d'une famille aisée, qui réussi sur le plan scolaire, qui est belle et qui est aimée de tous ? Est-ce qu'on cherche à nous montrer que la prostitution est le seul moyen pour cette adolescente de se faire remarquer ? Elle découvre le sexe, mais quel est l'intérêt d'intégrer au scénario une histoire de prostitution ? La jeune fille n'aurait-elle pas pu se contenter de virevolter de garçons en garçons ?
Le sujet est traité tel un conte de fée. Votre enfant se prostitue, se déconnecte de la réalité, un homme meurt sous son corps... Quel serait votre réaction ? Personnellement, j'aurais du mal à me contenter d'essayer de le rassurer. L'incompréhension et la colère m'auraient plutôt emportée.
Trop de légèreté, absence d'implication, aucune émotion... Jeune et Jolie n'est pas un drame. Il n'est pas sans intérêt et est agréable à regarder. Mais non, ce n'est pas le meilleur film d'Ozon.
François, j'ai des tips pour ton prochain film.
Si tu ne veux pas être si critiqué et retrouver le droit chemin pour avoir la palme d'or à Cannes :
- Fais simple.
- Ne laisse pas tes spectateurs dans l'incompréhension.
- Reprend Ludivine Sagnier.
- Arrête d'essayer de traiter des sujets controversés avec légèreté.